Nous sommes tous des moutons

Nous sommes tous des moutons

L'instinct grégaire et l'angoisse du rejet

Tous les articles → Moutons typiques

 

https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Groupe-de-moutons-02.jpg

 

 

L’être humain est un animal grégaire. Non seulement a-t-il tendance à chercher la présence de ses semblables, mais angoisse-t-il, en plus, à l’idée de se retrouver seul. Cette crainte – viscérale – est imprégnée dans son cerveau limbique et provient des temps reculés de la préhistoire.

 

par Ivanhoé

mis en ligne le 24 juillet 2019

 

L’être humain a réellement l’instinct primitif des moutons. Les exemples sont multiples.

 

Vous pénétrez dans un immense stationnement. Vous êtes seul. Vous vous garez n’importe où. Cinq minutes passent et une deuxième voiture arrive. Les chances sont alors énormes pour que celle-ci vienne se garer juste à côté de vous ; ou du moins très près. Et la troisième également. Et ainsi de suite.

 

Vous arrivez tôt sur une plage, et vous êtes les premiers. Vous vous installez n’importe où. Après un certain temps, quelqu’un arrive à son tour. Encore une fois, les chances sont très grandes pour que cette nouvelle personne s’installe près de vous, et ce, même si la plage est vaste.

 

Vous visitez une ville touristique que vous ne connaissez pas. Vous marchez naturellement dans les rues où déambulent déjà beaucoup de gens, et évitez celles qui semblent vides de piétons.

 

Ce phénomène s’appelle grégarisme. Le grégarisme est la « tendance de certains animaux à vivre en groupe ». Or l’homo sapiens, à l’instar de bien d’autres espèces sur Terre est un bel et bien un animal grégaire. Il n’y a pas à en douter un seul instant. L’adjectif grégaire désigne d’ailleurs la « propension des êtres humains à se regrouper et à imiter le comportement des autres individus ».

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Foule-02.png

 

D’où vient donc cette force qui nous pousse à nous rapprocher de nos semblables ? Ou du moins, à ne pas trop nous en éloigner ? Il existe évidemment plusieurs causes. Je m’attarderai ici uniquement à l’une d’entre elles : celle de ses « gènes »… Ou plutôt celle de ses programmations intérieures issues du tout début de l’espèce humaine.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Homme-et-femme-caverne-01_8295338.png

 

* * * * *

 

Pour survivre contre ses prédateurs, « l’homme des cavernes » a tout de suite adopté le vieil adage : « l’union fait la force ». Non seulement pour se nourrir d’animaux plus gros et plus dangereux que lui-même, mais également pour se défendre contre leurs attaques.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Hommes-cavernes-chasse-02a.png

 

S’il était demeuré isolé, et même s’il était capable de fabriquer des armes blanches, il n’aurait pas fait long feu contre la horde d’animaux sauvages qui partageaient son territoire et qui étaient eux aussi en quête de nourriture.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Homme-caverne-peur-02.png

 

La seule manière pour lui de rester en vie était de trouver refuge au sein d’un troupeau de ses semblables et de ne plus jamais le quitter.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Homme-caverne-famille-02.png

 

Ce qu’il a fait très tôt, et sans jamais modifier quoi que ce soit à ce comportement pendant des millénaires.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Homme---volution-01a.png

 

Et c’est ainsi que des centaines de milliers de générations de grégarisme « obligatoire » ont imprégné les couches profondes d’une zone de son cortex cérébral appelé « cerveau limbique ». Les humains d’aujourd’hui naissent avec cette programmation dans leur tête. Ça vient avec le reste du corps. Comme un forfait tout inclus.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Cerveau-01b_8295332.png

 

Là, dans cette partie enchâssée de son crâne, est donc gravée la programmation indélébile qui le conditionne dès sa naissance à rechercher la sécurité dans un groupe, et ce, même si son environnement a changé du tout au tout depuis ces époques révolues.

 

Tant et tellement qu’aujourd’hui, et même si nous ne sommes plus dans les savanes en train de nous défendre contre les tigres à dents de sabre et les mammouths, dès que nous nous retrouvons seuls, nous nous sentons néanmoins démunis et vulnérables, et en proie à une sourde menace qui peut provenir de n’importe où. Et nous mettons aussitôt tout en œuvre pour nous intégrer dans un groupe pour nous sécuriser. C’est instinctif.

 

On pourrait comparer cette programmation à toutes celles qui nous formatent durant notre petite enfance (elles logent d’ailleurs dans notre cerveau limbique elles aussi). Exemple : un enfant qui s’est fait battre par ses parents pendant toute sa jeunesse craindra tous les adultes pendant le reste de son existence, convaincu qu’ils sont tous susceptibles de le battre, et alors que ce danger n’existera plus.

 

Il s’agit ici, dans cet exemple, d’une programmation personnelle issue de la petite enfance, et celle-ci – en théorie – est susceptible de se corriger à l’aide d’une thérapie psychologique. En revanche, le grégarisme est une programmation collective propre à l’espèce humaine et elle provient du fond des millénaires. De ce fait, elle ne peut pas disparaitre de notre tête. Par contre, elle pourrait très bien – tant bien que mal – se contrôler par un effort de volonté.

 

Et c’est là où le bât blesse : pour que cet effort de volonté se produise, il faut au préalable une prise de conscience de la part de l’individu. Or la grande majorité des humains vivent cette particularité de leur comportement sans même se rendre compte qu’ils lui sont soumis.

 

Mais est-ce un mal ? Les avantages du grégarisme sont multiples (voir l’article Les avantages d’être un mouton).

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Moutons-groupe-02a_8295344.jpg

 

Faire partie d’un groupe comporte en effet de nombreux avantages. Mais cette attitude est en outre la cause de problèmes tout aussi importants.

 

Le groupe ayant de tout temps été le gage de la survie de l’espèce homo sapiens, certaines choses essentielles en découlaient à l’époque :

 

- chacun devait jouer le rôle qui lui était attitré au sein de son groupe : non seulement son rôle en fonction de son sexe, mais également celui qui lui était dévolu en fonctions d’autres critères ;

 

- chacun devait se soumettre aux lois communes, et respecter les règles ;

 

- chacun devait reléguer ses aspirations personnelles au profit de celles du groupe ;

 

- le groupe ne pouvant se permettre de garder aucun membre improductif ou indésirable ou dangereux en son sein, il y avait possibilité d’en être expulsé ;

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Mouton-ostracis---02_8295341.png

 

Dans ce cas, l’on s’en doute, être abandonné, seul, dans la nature, correspondait à une mort à plus ou moins brève échéance.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Homme-caverne-peur-02.png

 

Conséquemment, de par cette programmation dont il n’a aucunement conscience (celle de la peur d’être rejeté par les siens), l’homo sapiens d’aujourd’hui :

 

- tient tout d’abord à faire partie d’une communauté, à s’intégrer dans un groupe, à être accepté par ses pairs ;

 

- est ensuite prêt à toutes les compromissions pour ne pas en être exclu, quitte à laisser son individualité de côté, s’il le faut (à noter que les ados sont les champions de cette caractéristique, mais les adultes ne sont pas en reste) ;

 

- est très critique envers tout membre de sa communauté qui est une menace pour sa cohésion ; il peut de ce fait se montrer très intolérant envers ses semblables qui font montre de la plus minime des différences (et à la limite il peut devenir sexiste, raciste, homophobe, chauviniste, etc.)

 

La conséquence la plus triste de cette programmation de masse est sans nul doute possible la peur de se retrouver seul : la peur de la solitude. Comme si le fait de se retrouver seul était l’équivalent de mourir à plus ou moins brève échéance.

 

Or, dans nos temps modernes, comme il n’existe plus de tigres à dents de sabre prêts à nous sauter dessus, il n’y a évidemment plus de danger de mourir juste en se retrouvant seul.

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Tigre----dents-de-sabre-mus--e.png

 

Dans la vie de tous les jours, la personne seule qui a un travail lui permettant de bien gagner sa pitance, qui a un toit sur la tête dans un quartier tranquille et qui peut se nourrir tous les jours n’a plus aucune raison de craindre la mort.

 

Au contraire, le mouton qui réussit à dompter son angoisse de la solitude et qui parvient à développer son autonomie par rapport aux autres spécimens de son troupeau est apparemment un mouton qui – paradoxalement – est davantage en mesure de s’intégrer dans la société et d’apporter une plus-value à celle-ci.

 

Et de par cette autonomie – et toujours apparemment –, le mouton indépendant et qui intègre harmonieusement ses moments de solitude est plus heureux que tout le reste de son groupe  ce sont les psychologues qui le disent..

 

 https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Mouton-ile-d--serte.png

 

La vidéo ci-dessous explique très bien tous les avantages qu’il y a à se départir de cette peur viscérale, inconsciente et superflue – celle de craindre le rejet et la solitude.

 

À sortir de son enclos, en somme, et d’oser aller brouter dans la vaste prairie, à l’écart du reste du troupeau. Au moins de temps à autre.

 

https://static.blog4ever.com/2019/02/850968/Mouton-quitte-enclos.png

 

 

 

  Crédit : Jean-Jacques Crèvecoeur

(sa chaine : YouTube : cliquez ici)



24/07/2019
7 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser