Nous sommes tous des moutons

Nous sommes tous des moutons

MON RAS-LE-BOL

 

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C’est une série de contraventions reçues en l’espace de très peu de jours qui sont à l’origine de ce blog…

 

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Je ne sais pas dans quelle sorte de période ésotérique je me trouvais à ce moment-là, mais les flics se sont mis en effet à me tomber dessus et à s’acharner à me déplumer pour toutes sortes de raisons ridicules.

 

En quelques jours à peine, j’ai reçu :

 

- 2 contraventions salées pour stationnement interdit, coup sur coup, juste devant la porte de mon logement, et ce, pour des questions de retard de quelques minutes (j’ai porté plainte à l’Hôtel-de-Ville pour excès de zèle, mais sans aucun succès, bien entendu) ;

 

- 1 contravention pour avoir omis de faire un stop sans le faire exprès ;

 

- 1 contravention pour excès de vitesse dans une zone scolaire ;

 

- 1 contravention (changée heureusement en avertissement à la toute dernière minute) pour ne pas avoir attendu ma priorité sur un coin de rue en tant que piéton.

 

Tout cela m’a coûté un bras et quelques points d’inaptitude – qui eux-mêmes ont fait augmenter le montant de mon renouvellement de permis de conduire.

 

En bon citoyen modèle, je n’avais jamais l’habitude d’être baveux envers les forces de l’ordre. Mais là, cette fois, je l’ai été – et à deux reprises – et je n’y suis pas allé pas avec le dos de la cuillère à pot dans le sarcasme.

 

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Je raconte rapidement les deux scènes…

 

◊ ◊ ◊ ◊ ◊

 

1) Contravention pour ne pas avoir fait un stop…

 

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J’ai tout à coup aperçu les gyrophares d’une voiture de police qui clignotaient juste derrière moi. C’était manifestement après moi qu’il en voulait. Merde ! J’ai tout de suite vérifié ma vitesse : tout était OK. J’ai tâté ma poitrine : ma ceinture était bouclée.

 

Plus ou moins rassuré, j’ai tenté de reprendre contenance. Il s’agissait probablement d’un feu quelconque de position qui était défectueux sur mon auto. J’en serais quitte pour un avertissement et une visite chez le mécanicien.

 

Je me suis garé sur le côté. Le policier est venu me rejoindre. J’ai baissé ma vitre. L’homme me fixait avec de grands yeux ahuris :

 

— Vous n’avez pas vu qu’il y avait un stop ? m’a-t-il demandé comme si j’avais commis un crime épouvantable

 

— Un stop ? Hein ? Où ça ?

 

— Juste là, derrière, en bas de la côte.

 

Selon toute évidence, le policier n’en revenait tout simplement pas que je n’aie pas remarqué ce stop. Il semblait en effet tout à fait décontenancé. À voir son état d’ahurissement, ce stop devait sûrement être éclairé comme une enseigne au néon de Las Vegas. Ou j’avais été la cause d’un accident monstre pour avoir omis de m’arrêter.

 

Or, il n’y avait rien de tout cela : ni aucun stop éclairé au néon comme à Las Vegas, ni aucun accident. Par contre, je ne me souvenais pas, effectivement, d’avoir fait ce stop – que je connaissais pourtant. J’étais probablement dans la lune lorsque je suis passé devant. De toute façon, et heureusement, cela n’avait eu absolument aucune conséquence.

 

— Donnez-moi vos papiers ! m’a-t-il ordonné sur le même ton que s’il m’avait demandé de sortir de ma voiture les mains en l’air et sans faire d’histoires.

 

C’est là que j’ai commencé à comprendre où cela se dirigeait

 

— Vous n’allez tout de même pas me donner une contravention pour ça, j’espère ? ai-je demandé comme si je ne croyais pas qu’une telle chose pouvait être possible.

 

— Bien sûr que si ! Qu’est-ce que vous pensez ? Vous avez omis de faire un stop !

 

Étrangement, à voir son attitude, omettre de faire un stop ou pointer intentionnellement une arme chargée sur quelqu’un semblait ne faire aucune différence dans la tête de cet homme.

 

— Écoutez, monsieur l’agent, ai-je tenté de le ramener à la raison. J’admets que j’ai eu un moment de distraction. Mais comme vous pouvez le constater, il n’y a eu aucune conséquence dramatique à tout ceci. Il n’y a eu aucun mort ni aucun blessé. Je n’ai pas été la cause d’aucun accident. Je n’ai même pas failli en causer un. Il n’y avait personne à cet endroit, sauf vous, qui étiez caché. Et d’ailleurs, si vous n’aviez pas été là, personne dans le monde entier ne se serait rendu compte de quoi que ce soit. Même pas moi…

 

— Vos papiers, monsieur !

 

— Mais ma parole, vous avez réellement l’intention de m’en coller une ?

 

— Si, monsieur ! Maintenant, donnez-moi vos papiers !

 

— Je ne peux pas le croire. Hé ho ? Vous avez un peu de jugement, quand même, dans la police, non ? Vous avouez vous-même qu’IL NE S’EST RIEN PASSÉ ! Et vous voyez bien que je ne suis pas un bandit ! Un simple avertissement me semblerait très approprié dans la circonstance, vous n’êtes pas d’accord ?

 

— Monsieur !

 

— C’est incroyable, ça ! Si vous me donnez une contravention salée alors qu’il ne s’est absolument rien passé de dangereux, qu’est-ce que vous feriez si j’avais failli tuer quelqu’un ? Me passer à tabac ? Me mettre en prison ? Me pendre haut et court ?

 

Comment pensez-vous que tout cela s’est terminé ? Est-ce que je l’ai eue, ma contravention, ou non ? Les paris sont ouverts.

 

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2) Contravention pour excès de vitesse dans une zone scolaire…

 

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Ça s’est passé à peu près dans le même temps que l’incident précédent. Cette fois, pendant que les gyrophares clignotaient encore une fois derrière moi et que je me collais contre la chaine de trottoir, j’alternais entre la lassitude et la rage. Quelle raison stupide allait maintenant me sortir celui-là pour me dépouiller lui aussi ?

 

— Vous rouliez à 60 dans une zone scolaire…

 

L’autre jour, son collègue s’était adressé à moi comme si j’étais la personne la plus irresponsable qu’il n’avait jamais connue de toute sa vie – j’avais brûlé un stop (!!), on se rappelle. Celui-ci exprimait plutôt un air de contentement très satisfait, très sûr de lui. Il pouvait en effet dresser sa contravention sans rien rajouter de plus : son radar appuyait ses dires.

 

— Et alors ? ai-je quand même osé lui demander. Est-ce que j’ai tué ou blessé quelqu’un ? Apparemment que non. Et est-ce que j’ai failli tuer ou blesser quelqu’un ?

 

— Vos papiers, monsieur.

 

— Quelle heure est-il au juste ?

 

Surpris par ma question, il n’a rien répondu. Il m’a plutôt regardé avec des yeux intrigués.

 

— Il est 10h00, que j’ai moi-même poursuivi. Et à cette heure-ci, vous êtes évidemment au courant que les élèves de votre zone scolaire sont tous dans l’école, assis derrière leurs pupitres, bien à l’abri et bien au chaud. Il n’y en a plus aucun à l’extérieur. Si votre but était de protéger nos enfants, il aurait fallu vous poster à cet endroit vers 8h00, ce matin. Maintenant, ça ne sert plus à grand-chose, non ? Et votre intervention est un peu débile.

 

Il n’a rien rétorqué. Mais il semblait offusqué que je tente de lui démontrer le ridicule de la situation. Pour ma part, j’étais déçu : j’aurais préféré qu’il se sente mal à l’aise. Mais mal à l’aise, il ne l’était pas du tout.

 

— Vos papiers, a-t-il répété en haussant le ton.

 

Au lieu d’obtempérer, j’ai insisté :

 

— Vous n’avez rien de mieux à faire que d’importuner des vieux bonhommes comme moi qui reviennent pout-pout de faire leurs courses ? Je sais pas, moi… Y’a pas des bandits qui trainent encore en liberté quelque part ?

 

Il a commencé sérieusement à fulminer. Qu’à cela ne tienne, j’en ai rajouté une couche :

 

— Je pourrais vous donner une couple d’adresses de dealers qui vendent de la drogue à nos jeunes et qui opèrent impunément dans ma rue en ce moment même. Ça ne vous tenterait pas d’aller vous occuper d’eux autres plutôt que de vous en prendre à un honnête citoyen pour une raison aussi ridicule ? Vous pourriez les coincer en moins de cinq minutes.

 

— Monsieur !

 

— Ça ne vous rapporterait évidemment rien par rapport à votre quota de tickets que vous devez atteindre aujourd’hui. Mais vous auriez au moins la satisfaction d’avoir exercé les vraies fonctions de votre profession. Ce serait beaucoup plus gratifiant, non ?

 

— Monsieur, c’est la dernière fois que je vous le demande : vos papiers !

 

Je fulminais moi également. En lui tendant mes papiers, je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter – avec une pointe de mépris :

 

— Dépouiller les citoyens tranquilles juste pour remplir les coffres de la ville et améliorer votre bonus de fin de mois, ce n’est pas très glorieux comme métier. Moi, si j’étais à votre place, j’aurais honte de porter cet uniforme. L’êtes-vous, vous, honteux ? On ne dirait pas pantoute.

 

Comment pensez-vous que tout cela s’est terminé ? Est-ce que je l’ai eue, ma contravention, ou non ? Les paris sont encore ouverts.

 

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◊ ◊ ◊ ◊ ◊

 

La colère, la rancune et frustration m’ont ensuite entrainé à crier haut et fort mon indignation au sein de mon entourage immédiat. Ma famille et mes amis ont dû subir mes jérémiades. Je n’en ai finalement récolté que des regards de désolation et des phrases types, telles que celles-ci : « T’as vraiment pas été chanceux… »

 

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J’avoue par ailleurs avoir moi-même réagi de la même façon chaque fois que les autres m’avaient raconté leurs propres histoires de contraventions par le passé. C’est exactement cela que je leur avais répondu moi aussi : « T’as vraiment pas été chanceux… » Et j’avais peut-être également rajouté, comme un peu tout le monde le fait : « Ah, les ostis de chiens sales ! » Mais ainsi allait la vie, et je n’étais pas monté aux barricades pour ça.

 

Cela dit, si j’ai reçu un signe du ciel qui m’a vraiment ouvert les yeux sur notre condition de mouton – et sur la mienne en même temps, bien sûr –, c’est bien à ce moment-là.

 

Je disais précédemment que je n’étais jamais tombé par terre à la suite d’une subite prise de conscience, comme Saint-Paul l’avait fait sur le chemin de Damas.

 

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Eh bien, j’ai un peu exagéré. En fait, cette période de contraventions a bel et bien été mon chemin de Damas personnel. Et ce ne sont pas les contraventions comme telles qui en ont été la cause, mais plutôt la réaction de mon entourage en regard de mes plaintes...

 

◊ ◊ ◊ ◊ ◊

 

C’est là, en effet, pendant cette période de lamentations personnelles au sein de mon entourage qui compatissait à mes malheurs, c’est là, oui, que je me suis rendu compte à quel point nous étions une société de gens « asservis ». Asservis dans le sens que nous acceptions de subir un très grand nombre d’injustices comme si cela allait de soi. Comme si le fait de recevoir un coup de bâton sans raison de la part de nos dirigeants était un mal nécessaire qu’il fallait endurer de temps à autre.

 

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Que tout cela était tout à fait normal. Et à un point tel que de remettre ces situations en question ne nous effleurait même plus l’esprit tellement elle faisait partie du décor ambiant, comme l’air que nous respirons

 

Et c’est également là que l’image du troupeau de moutons m’est apparue comme une évidence…

 

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Que fait un mouton dans un troupeau ? Il fait ce que le berger lui demande de faire, point barre. Le moindre écart de conduite induit un châtiment. Pour l’aider, le berger se sert de chiens de garde. Le mouton qui s’écarte un tant soit peu du troupeau est aussitôt pris en grippe par les chiens. Un seul jappement suffit habituellement à le faire rentrer illico dans le rang. Sinon, une bonne morsure dans le petit gras de jambe règle le problème une bonne fois pour toutes.

 

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Et les moutons acceptent ce joug sans discuter. Il ne viendrait jamais à l’esprit de l’un d’entre eux de se rebeller – ni même d’avoir la moindre pensée à ce sujet. Il s’y conforme parce qu’il se sent probablement en sécurité dans son troupeau et sous la conduite de son berger.

 

Il se peut néanmoins qu’il s’écarte de son troupeau de temps à autre à cause d’un moment de distraction. Mais qu'il l'ait fait exprès ou non n'importe en rien du tout : une morsure dans le petit gras de jambe a aussitôt fait de le sortir de la lune pour qu’il réintègre sa place. Cela fait mal, certes, mais le mouton endure sa douleur en se disant qu’il l’a bien méritée, au fond : il s’était bel et bien écarté du troupeau de quelques mètres, même si ce n’était que par inadvertance.

 

Il endure comme le font tous les autres moutons du troupeau.

 

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Ce troupeau de moutons, c’est nous : la masse de citoyens qui allons et venons dans nos rues, jour après jour, en tenant un tas de paradigmes pour acquis, sans ne plus nous poser aucune question sur rien…

 

Comment cela se fait-il ? Pour en revenir aux fameuses « contraventions » que nous recevons et que nous payons pour des peccadilles – et pour ne prendre que cet exemple –, comment se fait-il que nous les acceptions comme ça, sans même jamais les concevoir comme une injustice et un abus de pouvoir de la part de nos gouvernants ? Cela ne nous passe même pas par la tête une seule seconde (voir ce que je pense sur ce sujet précis des contraventions ici).

 

Pourquoi adoptons-nous cette si pathétique attitude de moutons face à tout ce qui nous entoure ? Cette situation est-elle normale ?

 

Répondre à ces questions fait justement l’objet de ce blog. Et cela va loin. Car à partir des petites réflexions de base que je viens de relater, mon esprit a été entrainé très loin dans les méandres de ce sujet fascinant.

 

Quel est donc son but, à ce blog, au fait ? Que contient-il ? Et comment fonctionne-t-il ?

 

Réponse ici…

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02/02/2019
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