Nous sommes tous des moutons

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MES RÉFLEXIONS

 

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J’ai donc été socialement un mouton pendant toute ma vie.

 

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Voilà une vérité que j’ai eu du mal à me faire dire en pleine face – surtout que c’est moi-même qui m’étais insulté de la sorte. Et voilà ensuite une vérité qui a été très difficile à admettre.

 

Mais les faits étaient là – ma biographie me le prouvait –, et il ne me restait plus qu’à m’incliner devant cette réalité. Je crois d’ailleurs l’avoir complètement intégrée aujourd’hui. En tout cas, lorsque je me regarde dans la glace, je réussis à m’observer sans trop de distorsions.

 

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J’ai longtemps eu honte de cette image, par contre. Mais, maintenant, c’est pas trop pire : la gêne ne me vient plus que par à-coups. Et lorsque ce sentiment devient trop accablant, je réussis à me donner bonne conscience en me disant que je ne suis ni pire ni mieux que le reste des 7,5 milliards d’homo sapiens qui peuplent la planète. Ça n’excuse rien du tout, mais ça me console quand même un peu – à noter que « se donner bonne conscience » est une autre réaction moutonne typique.

 

Et lorsque cette justification n’est pas assez puissante, je porte alors mon regard vers l’avenir en me disant que, si j’ai été un mouton dans cette vie-ci, et du fait que j’en ai pris conscience avant de mourir, peut-être que dans ma prochaine existence, je me réincarnerai en un animal d’un niveau intellectuel supérieur à cette bête : en un chimpanzé, genre ? Je garde espoir…

 

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Cela dit, pour en revenir à cette fameuse prise de conscience, elle ne m’est pas tombée dessus en une seconde, grâce à une révélation-choc venue du ciel, comme celle de Saint-Paul sur le chemin de Damas – du genre : Bong ! Ça y est ! Merci, Seigneur, j’ai tout compris !

 

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Il est bel et bien survenu – récemment – une série d’incidents qui m’ont sauté dans la face, et qui m’ont fait réagir plus que tous les autres, mais tout avait été orchestré bien longtemps d’avance pour que j’allume à ce moment-là. Et cette préparation s’est faite graduellement à travers les années, petit à petit, au compte-goutte. Je ne pourrais même pas dire quand ça a commencé exactement.

 

Je suis néanmoins en mesure d’énumérer ici quelques événements qui se sont produits – du moins, ceux dont je me souviens – et qui m’ont sérieusement incité à réfléchir à ma condition. Jusqu’à la goutte qui a fait déborder le vase, et qui m’a entrainé à créer ce blog.

 

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Les biens matériels

 

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Des circonstances – passablement pénibles – m’ont contraint à réduire ma consommation de biens matériels de façon drastique voilà une vingtaine d’années. Au début – bien sûr –, j’ai été extrêmement frustré de devoir agir de la sorte. Mais comme je ne pouvais rien y faire pour un bon bout de temps, je me suis tant bien que mal habitué à vivre selon mes nouveaux moyens.

 

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Cette période difficile m’a toutefois permis de réfléchir très sérieusement sur la notion de « société de consommation » dans laquelle nous nageons tous, nous, les Occidentaux. J’ai évidemment commencé par jeter des regards très acerbes et très envieux autour de moi (à cause de la frustration, toujours), mais j’en suis ensuite venu à émettre peu à peu des jugements extrêmement critiques sur ce que je voyais.

 

Il serait beaucoup trop long de relater ici tout le processus de changement qui s’est déroulé dans ma tête et qui a fait en sorte que je suis passé de l’état d’un « consommateur ordinaire » à celui « d’adepte de la simplicité volontaire ». Ma situation financière s’est en effet améliorée au cours des années, mais je n’en ai pas modifié mes habitudes frugales de consommation pour autant.

 

Juste dire que les automatismes de consommation qui étaient les miens dans la première moitié de ma vie étaient dictés par la société dans laquelle je vivais et par le milieu dans lequel j’avais grandi. J’étais formaté comme un robot. Pour reprendre une comparaison en vogue : j’étais comme le poisson qui vit dans l’eau, mais qui ignore qu’il se trouve dans l’eau.

 

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De cette façon, dans cette société et dans ce milieu dans lesquels je déambulais, il était normal que je travaille pour gagner de l’argent. Et il était normal que je gagne de l’argent pour m’acheter une maison, une auto, des meubles et divers gadgets servant à bonifier mon confort matériel.

 

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C’était comme ça, un point c’est tout. Et je ne remettais jamais cette évidence en question. Tellement que si j’avais remporté le gros lot à la loterie, par exemple, à cette époque, j’aurais inévitablement acheté une plus vaste maison, une auto plus luxueuse, de plus beaux meubles et des gadgets en plus grand nombre encore.

 

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La télé

 

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Je n’étais pas un très grand consommateur de télé à la base. Ça a sans doute aidé mon cas.

 

C’est avec les années, et par la force des choses – un manque de temps, surtout – que j’ai graduellement laissé tomber tous les quizz, les émissions de variétés, les feuilletons qui tournaient en rond, et les films que je pouvais me procurer sur demande de toute manière... J’ai même délaissé mes sacro-saintes nouvelles en me rendant compte que j’entendais exactement les mêmes à la radio tous les jours – et de façon plus concise, par ailleurs – et que je les lisais dans les journaux.

 

Et je me suis un jour aperçu que je ne l’ouvrais à peu près plus jamais et que je payais le câble pour absolument rien. Mais – et c’est ça qui est tout à fait bizarre –, mais ça a encore pris quelques années avant que je me décide à appeler Cogéco pour couper définitivement le cordon ombilical avec eux.

 

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C’est là, je crois, que j’ai eu une seconde prise de conscience à propos du formatage de ma pensée. Pourquoi, me suis-je demandé, pourquoi suis-je resté abonné si longtemps à ce foutu câble, alors que je n’écoutais plus la télé ?

 

Réponse probable : parce que tout le monde autour de moi regardait la télé et était abonné au câble.

 

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Dans ma tête, il se passait sans doute deux choses pendant tout ce temps-là :

 

1) Je me disais – inconsciemment, bien entendu – que si tout le monde avait le câble, c’est que ça devait être indispensable de l’avoir moi aussi, point barre. Je traduisais cela par une peur nébuleuse de manquer éventuellement quelque chose de capital si je n’avais plus accès à aucune émission sur demande.

 

2) Je craignais la réaction d’autrui si je devais avouer que je n’avais plus le câble dans ma maison. De quoi j’aurais eu l’air ? De quelqu’un qui ne peut plus se le payer, genre ? Ou de quelqu’un qui veut s’afficher prétentieusement au-dessus de cette activité de masse ?

 

C’était con, mais c’était comme ça.

 

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Les nouvelles

 

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Il y a une époque pas très lointaine où je trouvais ça super-hyper-méga-important de me tenir au courant de ce qui se passait sur la planète : la politique, les grands événements sociaux, les catastrophes… J’écoutais les informations à la radio et je lisais les journaux tous les jours. Et je discutais assidument de tout cela avec mon entourage. Je ne voulais rien manquer. Plus j’étais au fait de ce qui se déroulait dans le monde, plus j’étais convaincu de participer moi-même à l’actualité.

 

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Et puis, un jour, j’ai dû m’absenter du pays pendant presque un an. Et durant tout ce temps-là, j’ai décroché des nouvelles du Québec. Je n’ai plus rien lu de ce qui se passait chez moi. Du fait de cette décision, j’ai noté deux choses étranges :

 

1) Je n’ai rien ressenti de spécial.

 

2) Et surtout : lorsque je suis revenu, ma vie a repris précisément là où elle s’était arrêtée l’année précédente, comme si j’étais parti la veille.

 

Il était pourtant survenu un tas de trucs dans cette partie-ci du monde pendant mon absence : des accidents, des scandales, des indignations, des drames, et même un changement de gouvernement ! Mais ultimement, rien qui n’avait eu un impact – même mineur – dans ma vie personnelle, ni d’ailleurs dans celle de tous les gens que je connaissais et que je retrouvais. Absolument rien qui m’a demandé un réajustement quelconque. Rien.

 

Je me suis absenté à deux reprises comme ça, et j’ai revécu les deux fois un phénomène identique. Autrement dit : que je me sois tenu au courant des nouvelles ou non, dans les deux cas, au retour, je pouvais reprendre mon existence à l’endroit pile où je l’avais laissée plusieurs mois plus tôt. Pareil.

 

Alors, dans ce cas : pourquoi me donnais-je tant de mal à me tenir informé sur ce qui se passait dans le monde ? Je me suis sérieusement posé cette question, mais j’ai eu un mal fou à y répondre. Du coup, je ne sais pas encore si j’ai vraiment réussi.

 

Si je demeurais à l’affut de toutes les manchettes à l’époque, c’était sans doute – à tout le moins – parce que tout le monde autour de moi écoutait les nouvelles à la télé et/ou les lisait les journaux. Et du fait de tous ces gens qui s’adonnaient à cette activité, cela me paraissait aller de soi que c’était très important.

 

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Et – en plus – je ne voulais surtout pas paraitre ignorant lors de certaines discussions…

 

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Les pour et les contre

 

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Ça aussi, ça a un rapport avec l’époque où je parcourais assidument les journaux…

 

Je m’étais mis à lire les analyses des grands chroniqueurs de la Presse et d’autres quotidiens importants – du Devoir, entre autres. Les chroniqueurs, ce sont ces journalistes-vedettes qui commentent l’actualité et qui donnent leurs opinions personnelles sur ce qui se déroule dans le monde.

 

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C’est là que j’ai pris conscience qu’il y avait des revers à une médaille – pas même juste deux : non, plusieurs.

 

Lorsque je lisais une nouvelle, jadis, je me faisais ma propre opinion à son sujet, et souvent très rapidement, et instinctivement. Celle-ci étant bien sûr justifiée par ma « raison » et par mon « bon sens », et elle allait surtout – et invariablement – dans le sens de mes valeurs. Et fréquemment aussi, cette opinion personnelle allait de pair avec celles qui revenaient le plus souvent au sein de la majorité – au sein de mon propre petit troupeau d’intellectuels, à tout le moins.

 

Mais ces chroniqueurs ont fini par me faire comprendre qu’une situation n’est jamais ni blanche ni noire. Et même si cela était pénible à admettre, les analyses qui contredisaient les miennes, et celles de mon troupeau, avaient également et régulièrement du bon sens, et elles valaient la peine d’être prises en compte, pour peu que je m’ouvrais à elles et que j’avais la volonté de les écouter objectivement – ce qui était très difficile à faire.

 

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Les politiciens et la démocratie

 

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À une certaine époque, j’étais comme la grande majorité de la population :

 

- Je me considérais privilégié de vivre dans une nation démocratique, et je me faisais un devoir d’aller voter à chaque élection. J’estimais cela comme une forme de respect envers tous les pays qui subissent le joug des dictatures.

 

- Je votais non pas pour le parti que je croyais le plus apte à gouverner, mais pour celui qui me semblait le moins pire.

 

- Je savais bien, au fond, que de voter pour un parti ou pour un autre, cela revenait toujours, en définitive, que de choisir entre un bonnet blanc et un blanc bonnet.

 

- Je savais également que les politiciens ne sont presque tous que de gros ego infatués de leur personne, et qu’ils sont plus ou moins corrompus (ou qu’ils sont intrinsèquement corruptibles – c’est inévitable) : tous les scandales qui sortaient dans les journaux, périodiquement, me le démontraient invariablement. 

 

Malgré tout ça, je m’obstinais quand même à aller voter… Pourquoi donc ?

 

Il m’apparait aujourd’hui évident que j’agissais de la sorte parce que tout le monde votait, et que j’étais honteux de rester chez moi lorsque ce jour arrivait. L’argument massue qui revenait le plus souvent dans les médias pour m’inciter à entrer dans ce moule était que des gens mourraient partout sur la planète pour obtenir ce droit dont je bénéficiais gratuitement, mais que je dédaignais.

 

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La goutte qui a fait déborder le vase

 

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Toutes les situations précédentes ne m’ont quand même pas fait clairement et entièrement allumer sur ma condition de mouton.

 

Curieusement, non…

 

Il a fallu que j’expérimente récemment une suite d’événements extrêmement déplaisants et ridicules pour que je m’arrête enfin sur ce qui était en train de se passer dans ma tête depuis tant d’années. Et que je réfléchisse. Et que j’admette certains trucs évidents une bonne fois pour toutes.

 

Quels ont été ces événements, et quelle a été la réflexion qu’ils m’ont obligé à faire ?

 

Réponse ici…

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02/02/2019
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