Nous sommes tous des moutons

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La démocratie et les élections

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par Ivanhoé

mis en ligne le 20 juillet 2019

 

Pour beaucoup, le mot « démocratie » fait référence à « élections ». Dans la tête de bien des gens, en effet, nous sommes une nation démocratique parce que chaque citoyen a la possibilité – et surtout le droit légal – de faire entendre sa voix dans le choix des dirigeants qui gouvernent sa ville, sa province, son département, son pays, etc. En déposant un bulletin de vote dans une urne toutes les quatre ou cinq années, notamment.

 

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Mais la démocratie ne se réduit évidemment pas au simple pouvoir de voter. Elle englobe en outre des notions comme la liberté de parole, par exemple, la liberté de revendiquer, de défendre ses droits légitimes…

 

Mais dans son sens premier, la démocratie est un terme qui évoque quelque chose de beaucoup plus large et de beaucoup plus « noble » que tous ces concepts réunis. La démocratie est en fait un régime politique où le peuple exerce lui-même sa propre souveraineté. La formule poétique que l'on utilise habituellement pour désigner ce concept est celle d'Abraham Lincoln qui a dit : « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Le peuple étant « tout le monde » : du plus lambda des piétons sur la rue au plus intelligent érudit de son pays.

 

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De par la démocratie, c’est le peuple lui-même (en consensus) qui statue en effet sur son mode de fonctionnement et sur son avenir ; qui opte pour des valeurs communes et pour une vision identique de son destin. La démocratie est donc en opposition avec les notions de monarchie, de dictature et même d'aristocratie, où la direction d’un pays est dans ce cas exercée par une seule personne (ou par une petite clique de personnes) qui décide de tout pour tout le monde en utilisant la violence.

 

Dans un univers idéal, le processus concret de la démocratie se pratiquerait comme à Athènes dans la Grèce antique (la référence ultime chaque fois que le moment est venu d’expliquer la démocratie). En ce temps-là, les citoyens de cette cité étaient régulièrement conviés à prendre part à des assemblées extraordinaires (les citoyens en question n’étant toutefois que les individus en âge et en mesure de faire la guerre, c’est-à-dire les « adultes de sexe masculin »). Ces assemblées, qui duraient quelques jours, et où tous les participants pouvaient prendre la parole, représentaient des occasions pour débattre et se prononcer sur des sujets en lien avec la gestion de leur ville et les grandes orientations de leur devenir.

 

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Si ce n’était du fait qu’elle n’était exercée que par des hommes, cette façon de procéder était effectivement un beau modèle de démocratie politique. Elle se pratique d’ailleurs encore aujourd’hui dans nos sociétés modernes en un très grand nombre de domaines, mais à une très petite échelle en terme de regroupement de personnes : dans des assemblées de quartier, par exemple, dans des réunions syndicales, dans de multiples organisations à but non lucratif…

 

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Mais lorsque le nombre de personnes de ces assemblées est trop important, il semble que ce modus operandi (dans lequel tout le monde peut s’exprimer librement et prendre part à chacune des décisions), il semble, oui, que ce modus operandi ne soit plus fonctionnel, et qu’il faille alors déléguer un mandataire pour agir au nom de tous les autres – mais en rendant néanmoins des comptes (en principe) à ceux qui lui confient cette mission. De là, la notion du « vote » : on élit la personne qui – en théorie – est représentative de son assemblée et qui prendra des décisions à sa place.

 

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Lorsque la taille des organisations n’est – encore une fois – pas trop importante, ce principe de délégation des responsabilités peut très bien se dérouler. Et lorsque cela va bien, on peut conclure que les fondements de la démocratie sont quand même respectés.

 

Mais plus les organisations augmentent en nombre de membres, plus ce mode de fonctionnement par délégation des pouvoirs se complexifie, et plus il devient impossible à contrôler un moment donné, car une foule d’ennuis surgit à cause justement de cette complexité. Et plus, par le fait même, la notion de démocratie en prend alors pour son rhume.

 

Dans ces cas-là, les deux problèmes majeurs que l’on rencontre tout le temps sont ceux-ci : 1) la diversité des opinions ; 2) la nature humaine

 

1) La diversité des opinions

 

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Elle va de pair avec la diversité des valeurs personnelles de chaque citoyen. Celles-ci sont évidemment multiples. Certains citoyens ont en effet une vision plus libérale de considérer les choses ; pour d’autres, elle est plus conservatrice. Certains croient en une ligne dure dans les décisions à prendre ; d’autres en la souplesse. Certains pensent que seules les élites d’un groupe sont en mesure de bien réfléchir sur des questions délicates ; d’autres sont convaincus que tout le monde peut le faire. Certains ont une idée précise concernant leur avenir ; d’autres en ont également une, mais diamétralement à l’encontre de la première. Certains n’agissent qu’en fonction des profits ; d’autres ne tiennent compte que de l’écologie… Les concepts de ce genre sont infinis. Dans ces conditions, voter pour un représentant qui rallie tant de variables relève évidemment de l’utopie. De là (un autre principe de démocratie), la fameuse notion : « la majorité l’emporte ».

 

On comprend dans ce cas que le simple citoyen de base perd rapidement le contrôle des milliers de décisions qui se prennent au-dessus de lui et pour lesquelles il peut ne jamais être en accord – et auxquelles il n’a d’ailleurs probablement plus voix au chapitre.

 

2) La nature humaine

 

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Et puis, il y a aussi l’éternel problème inhérent à la nature humaine en regard du « pouvoir ». Plusieurs candidats rêvent en effet de devenir le représentant de leurs assemblées respectives, car cette fonction est fréquemment assortie de prestige et de privilèges – la plupart du temps financiers –, et elle permet également d’assouvir la quête de leurs ambitions égotiques. Il s’ensuit nécessairement – on voit ça tout le temps – des guéguerres pour l’obtention à tout prix de cette charge.

 

Et c’est là que la démocratie disparait pour de bon, car ses principes de base sont littéralement bafoués.

 

* * * * * * * * * *

 

NB) À partir d’ici, il ne sera question de démocratie qu’en fonction d'élections dans les grosses villes, les provinces, les pays. Dans les big organisations, quoi.

 

Cela dit, revenons aux principes de base.

 

En théorie démocratique, le rôle du candidat élu n’est pas « d’exercer un pouvoir ». Il n’a pas à décider quoi que ce soit de sa propre initiative. En théorie, toujours, il n’est que le représentant de ses électeurs, et ses fameuses « décisions » sont censées être les leurs. Car n’oublions pas qu’en démocratie, il n’existe qu’un seul et unique « pouvoir », et c’est celui du peuple, de la base. Mais ça, c’est encore la théorie. La réalité est tout autre. La réalité, c’est que ce représentant prend effectivement des décisions – il a d’ailleurs été élu pour ça –, mais ces décisions vont rarement dans le sens de l’électeur lambda qui lui a donné son vote. Ou si cela arrive, c’est tout à fait par hasard

 

Cela s’explique tout d’abord en ce que le candidat élu n’est pratiquement jamais le représentant de la majorité de sa circonscription (lire l’article intitulé La démocratie et le système électoral canadien). Ensuite, s’il a été élu, c’est souvent en fonction de certains critères très subjectifs qui n’ont même quelquefois rien à voir avec la politique comme telle.

 

Ainsi, le candidat élu, et indépendamment de ce qu'il représente politiquement :

 

– peut être charismatique ; ou avoir une belle gueule ; ou inspirer confiance ; ou avoir un goût vestimentaire qui plait ; ou être sympathique ; ou s’exprimer de façon articulée ; ou donner l’image d’être un bon père de famille ; etc.,

 

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– peut être choisi par dépit parce que les électeurs craignent la victoire d'un candidat adverse,

 

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– peut avoir bénéficié d’une organisation (celle de son Parti) extrêmement bien rodée, disposant de beaucoup d’argent ; ce qui lui a assuré une très grande visibilité,

 

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– peut avoir séduit par une allure et des propos populistes,

 

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– peut avoir bénéficié de bien d’autres raisons irrationnelles…

 

Les élections fédérales canadiennes de 2011 représentent l’exemple extrême de la victoire d’un Parti sans qu’il n’y ait eu aucun lien avec la politique en tant que telle. Le Québec avait alors voté massivement pour le NPD seulement que dans un élan de sympathie sans précédent envers son chef, Jack Layton, et ce, sans rien connaitre de son programme, et ce, même si les candidats de la plupart des circonscriptions québécoises de ce Parti n’étaient que des « poteaux » totalement inconnus et qui n'avaient à peu près aucune connaissance de la politique.

 

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Jack Layton – que Dieu ait son âme

 

Bon, maintenant, en sachant tout cela, la question est : une fois assis sur son siège, en fonction de quels intérêts du peuple cet élu cette prend-il des décisions en fin de compte ? Facile : en fonction tout d’abord de ceux de son Parti – de sa clique. Ensuite, en fonction de ceux qui ont été généreux financièrement à son égard et qui l’ont aidé à remporter ses élections (les lobbys). Et accessoirement en fonction des siens propres, c’est-à-dire de ses petits intérêts personnels.

 

Et ceux du peuple, alors ?

 

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Le pouvoir…

 

Les élus détiennent bel et bien le « pouvoir » de leur ville, province, département, pays. Et cela est tellement vrai que ce mot – pouvoir – est utilisé sans faux-fuyants par tout le monde pour désigner les gouvernements. Ne parle-t-on pas des « gens qui sont au pouvoir » ? Du « parti au pouvoir » ? N’appelle-t-on pas le président ou le premier ministre d’un pays le « chef de la nation » ?

 

Ce qui, de facto, n’a plus rien en commun avec la démocratie. On l’a vu, la démocratie implique que le pouvoir appartient au peuple. Or, le pouvoir, ici, appartient bel et bien à une élite, à une clique, à une minorité – nantie – de la population (voir l'article La démocratie ou l’aristocratie à légitimité populaire qui développe ce thème). Et le seul lien qui relie cette clique au peuple sous lui, c’est un vote qui survient toutes les quatre ou cinq années environ. Et ce vote est obtenu par de la manipulation de masse, par des mensonges, par des tours de passe-passe, par de fausses promesses, par des fabrications d'images publiques et par une panoplie d’autres moyens que connaissent parfaitement les experts en marketing qui conseillent ces gens.

 

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On peut bien se faire accroire que notre vote est une sorte de « procuration » pour que des « délégués » s’occupent de nos intérêts et de notre bien-être à notre place, la réalité c’est qu’on est à des années-lumière de ce rêve tout éveillé.

 

En terminant, précisons que pour que ce simulacre de démocratie – ce paradigme – tienne la route, il faut toutefois que le bon peuple soit convaincu qu’il existe bel et bien. L’une des tâches de nos élites – appuyé par les médias – est de nous le rentrer dans le crâne à grand renfort de lavage de cerveau. Et ils réussissent passablement bien puisque nous y croyons encore aujourd'hui dur comme fer.

 

Mais ce qui n’est pas difficile à réaliser, au fond : il leur suffit simplement de connaitre le comportement type de l’espèce mouton afin de pouvoir ensuite manipuler le troupeau au complet à leur guise. Et le tour est joué.

 

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Crédit : Mouton lucide

(sa chaine YouTube : cliquez ici)



20/07/2019
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