Nous sommes tous des moutons

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La démocratie ou l'aristocratie à légitimité populaire

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Le jour des élections, le peuple fait son « devoir de citoyen » en allant voter pour les gens qui seront ensuite ses chefs pendant les 4 ou 5 prochaines années. De fait, ce peuple abandonne son droit à se gouverner lui-même (démocratie) à une petite élite qui n’a rien en commun avec lui. Cette forme de gouvernance se nomme « aristocratie ».

 

par Ivanhoé

mis en ligne le 20 juillet 2019

 

NB) Les propos de cet article ne feront référence qu’au gouvernement des pays, et non pas à celui de leurs sous-unités administratives (provinces, états, départements, villes…) qui ont elles aussi chacun le leur, et qui fonctionnent normalement de façon similaire, mais à une plus petite échelle.

 

Durant tout le Moyen-âge et jusqu’à la fin du 18e siècle, la grande majorité des royaumes occidentaux étaient dirigés par des rois, par des monarques.

 

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Le roi était le maitre absolu de son royaume. Ayant été choisi pour régner sur les autres êtres humains par « décret divin », il faisait ce qu’il voulait comme bon lui semblait. Et il n’avait de comptes à rendre à personne. Pour le seconder dans ses fonctions, il était entouré de ministres qu’il nommait lui-même et à qui il déléguait l’application concrète et administrative des lois qu’il promulguait. Il était en outre assisté de conseillers qui l’aidaient à gouverner. Et autour de tout ce beau monde gravitaient une foule de parasites (les courtisans) à la recherche de faveurs et de pensions.

 

La passation de cette autorité suprême se faisait par hérédité. À la mort du roi, son fils ainé – le dauphin – prenait immédiatement la relève, sans aucune contestation de la part de qui que ce soit. Et ainsi de suite. Ces familles qui exerçaient le pouvoir de génération en génération étaient appelées des « dynasties ». Il survenait certes quelquefois des renversements de dynasties, mais le concept demeurait néanmoins toujours le même : durant ces « putschs », un autre roi remplaçait le précédent et instaurait sa propre dynastie. Et la vie poursuivait son cours.

 

Et puis à la fin du 18e siècle, il s’est produit la Révolution française qui a commencé à mettre à mal ce système de gouvernance qui perdurait depuis la nuit des temps à travers toute l’Europe. La France, en effet, en a eu subitement marre, elle, de ses rois et de ses dynasties. Elle a guillotiné Louis XVI en 1793, en croyant s’être débarrassée de son dernier roi – il s’écoulera toutefois encore quelques décennies avant que cela soit réellement le cas.

 

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La Révolution française a été le coup d’envoi pour que le reste des nations européennes emboitent le pas et qu’elles se débarrassent également de cette forme de gouvernement archaïque portant le nom de monarchie ou autocratie, et qui n’était somme toute qu’une variété pas tellement différente de ce que nous appelons aujourd’hui une « dictature » ou le « fascisme ».

 

De nos jours, il existe toujours des rois et des reines dans certains états d’Europe, mais ils ne sont là qu’à titre de figurants. Selon la constitution de ces pays, ils demeurent théoriquement les maitres de leur nation, mais dans les faits, ils n’ont aucun pouvoir politique. Ils jouent en fait le rôle de mascottes pour amuser la galerie.

 

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Famille royale belge

 

Ils coûtent certes très cher à entretenir, mais pour rien au monde les dirigeants ne s’en départiraient : ils sont trop utiles pour les libérer d’événements gonflants comme de remettre des prix à des cocktails, de recevoir certains dignitaires sans importance, et de s’occuper d’autres mondanités de la sorte. Et pour peu que des membres de ces familles soient le moindrement jet set et qu’ils provoquent quelques scandales, ils sont également pratiques pour détourner l’attention lorsque surgissent des problèmes embarrassants pour le véritable gouvernement. Et puis, le peuple ne leur pardonnerait jamais un tel affront de toute façon, car celui-ci – le peuple – est apparemment très attaché à cette « valeur ». On s’en demande bien la raison, par ailleurs.

 

Toujours est-il que ces éléments de la royauté d’un âge révolu, même s’ils ne font que participer à des banquets et couper des rubans lors d’inaugurations, ils font néanmoins figure d’authentiques stars – comme les vedettes de cinéma – parmi la population du monde entier qui suit leurs aventures quotidiennes via les revues people.

 

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Famille royale britannique

 

Bref. À part ces éléments de décoration ici et là, la royauté a bel et bien disparu de la politique occidentale pour faire place, peu à peu, à la……

 

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Depuis l’événement de la démocratie – du moins, une fois celle-ci fermement implantée un peu partout, ce qui a pris une centaine d’années –, les chefs d’État, désormais, ne sont plus nommés par décret divin, mais élus par le peuple. Bien obligés : la démocratie, par définition, c’est le régime politique par lequel le peuple exerce lui-même sa propre souveraineté ; accessoirement en élisant des représentants pour le faire à sa place, mais selon ses aspirations. Les lois que ces élus promulguent représentent de ce fait non plus la volonté d’un seul homme, mais bien celle du peuple dont ils sont les mandataires.

 

Et tout va désormais bene.

 

Voilà.

 

Sommes-nous de ce fait déjà rendus au dernier chapitre de cette histoire d’amour tumultueuse entre les souverains et leurs sujets ? Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ?

 

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Que nenni !

 

Le problème c’est que ce régime politique que nos dirigeants et les médias qui sont à leur solde se plaisent à appeler « démocratie » n’est qu’une pure fumisterie dans les faits. Nous ne vivons pas dans une démocratie, en effet. Nous vivons dans une « aristocratie à légitimité populaire ». Ce qui fait une méchante différence.

 

Aristocratie (définition du Larousse) : « Forme de gouvernement dans lequel le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes constituant l’élite ».

 

Légitimité populaire : c’est nous-mêmes qui donnons notre accord à cette comédie en votant.

 

* * * * * * * * * *

 

Il y a tout d’abord un parallèle évident à établir entre la coterie gouvernementale telle qu’elle existait jusqu’à la fin du 18e siècle dans les royaumes d’Europe et celle d’aujourd’hui dans nos pays dits démocratiques.

 

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TABLEAU COMPARATIF

Avant

Aujourd’hui

 

Présence d’un chef d’État unique

 

 

Idem

 

 

Titre du chef : roi

 

 

Titre du chef : président ou premier ministre (ces deux appellations étant les plus populaires)

 

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Chef nommé par décret divin

 

 

Chef élu par le peuple

 

 

Chef secondé par des ministres ayant la charge de mettre les lois en application

 

 

Idem (le chef et ses ministres sont appelés le « pouvoir exécutif »)

 

 

Chef aidé par des conseillers dans ses prises de décision

 

 

Idem (aujourd’hui s’ajoutent tous les conseillers et experts pour l’aider à rester populaire auprès de l’électorat)

 

 

Chef entouré de courtisans cherchant les faveurs et les pensions

 

 

Idem (députés sans portefeuilles et hauts fonctionnaires)

 

 

C’est évidemment ce petit groupuscule qui forme l’élite dont il était question plus haut dans la définition de l’aristocratie.

 

Définition de l’élite, selon Larousse : « Groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement. »

 

Les candidats vainqueurs à des élections sont pratiquement toujours issus de l’élite de leur région – et même du pays en entier. Ce sont des gens d’affaires, des intellectuels, des économistes, des avocats, des journalistes, et d’autres membres de professions libérales gagnant très bien leur vie. Ils proviennent très rarement d’un milieu extérieur à celui-là. Et cela inclut les fameux « populistes » qui se prétendent des outsiders de ce groupe de citoyens parce qu’ils se sont construits eux-mêmes et qu’ils s’expriment en utilisant un langage populaire. Même eux ne font pas partie – ou du moins ne font plus partie – de la classe dite moyenne (exemple : Donald Trump, milliardaire, qui est bel et bien né au sein d’une famille riche).

 

À chaque scrutin, l’électeur ordinaire vote invariablement pour ce genre de candidats, et ce, pour diverses raisons. En voici une liste non exhaustive :

 

- ils constituent la très forte majorité des candidats à une élection ; l’électeur doit alors nécessairement choisir entre un membre de cette élite ou un autre ;

- ils affichent une image publique respectable ;

- ils sont habitués de prendre la parole devant des auditoires ; ce qu’ils font d’ailleurs très bien pour la plupart ;

- ils paraissent posséder de vastes compétences (et ils le sont sans aucun doute – compétents – dans leurs domaines professionnels) ;

- les finances de leur parti leur permettent de bénéficier d’une grande visibilité.

 

Bref, grâce, en plus, à toutes sortes de techniques en rapport avec la manipulation de masse, avec aussi parfois quelques magouilles politiques dont ils ont le secret, ils parviennent assez facilement à leurs fins, c’est-à-dire à se faire élire.

 

Le problème, c’est que, socialement parlant, ces individus ne représentent en aucune façon la plupart des électeurs qui ont voté pour eux. Ils sont bien au-dessus de la « classe moyenne » et de celle des « faibles revenus ».

 

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Au Québec, en 2014, il a été calculé qu’une personne seule gagnant entre 23 250 $ et 47 150 $ faisait partie de la fameuse classe moyenne. En dessous, c’était la classe des faibles revenus. Au-dessus, celle des gens riches. Cela dit, il est évident que les professions de l’élite énumérées ci-dessus font partie des fortunés. En 2010, les citoyens à revenus élevés – c’est-à-dire ceux dont se retrouve la presque totalité de l’élite du gouvernement – ne constituaient que 21,5 % de la population. Ça ne doit surement pas avoir changé tant que ça depuis ce temps-là.

 

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Source :  Radio-Canada

 

Et même s’ils ne l’admettront jamais, les gens fortunés – les élites – sont complètement décrochés des classes sociales qui sont sous la leur. Et cela est d’autant plus évident lorsqu’il est question de misère et de pauvreté. Demander à un avocat bien en vue, par exemple, de décrire le quotidien d’un prestataire de la sécurité du revenu de son propre pays, c’est comme de demander à un lambda moyen qui ne lit jamais les journaux de décrire celui d'un village pauvre éthiopien.

 

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Cela étant déjà manifeste au niveau des villes de modeste envergure, on peut alors imaginer ce qu’il en est au niveau d’une nation. À l’échelon d’une province ou d’un pays, les personnes élues n’ont plus aucun rapport avec le « peuple », le peuple étant composé en majorité de petites gens simples qui gagnent leur pain en faisant du 8 à 4. N’en déplaise aux utopistes et aux fleurs bleues, les intérêts de ces petites gens, et ceux des intellectuels, des professionnels et des fortunés correspondent à deux univers parallèles qui ne sont reliés par aucun couloir de communication.

 

La démocratie est une imposture (thème développé dans cet article). Et les élections ne servent en fait qu’à cautionner un système qui permet à une élite – celle précédemment décrite – de gouverner tout à son aise pendant le mandat que les fameuses élections lui octroient. Pas à bride abattue, bien entendu. Pas en faisant n’importe quoi en toute impunité comme dans le bon vieux temps de la monarchie. Mais pas en le faisant n’importe comment à tout le moins. Ils doivent quand même faire un peu attention. Et les experts qui font partie de cette Cour aristocratique ont justement comme responsabilités, entre autres, de conseiller le chef et ses amis sur les meilleures façons de prendre leurs décisions tout en faisant en sorte que le bon peuple les reporte au pouvoir de toute façon aux prochaines élections (lire l'article Les politiciens et les techniques de manipulation de masse).

 

Et lorsque le bon peuple en a assez des magouilles et des scandales qui deviennent trop flagrants un moment donné, et de par le pouvoir qu’il détient grâce à la démocratie, il vote alors pour une autre petite aristocratie en se convainquant encore une fois que tout, désormais, changera…

 

En continuant d’aller voter, nous sommes nous-mêmes ceux qui maintiennent cette parodie en place. 

 

Par conséquent, bien fait pour nous lorsque nous en payons les frais !

 

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Vidéo d’une durée de 47 minutes explicitant davantage l’idée de cet article

ainsi que celle de l’article intitulé La démocratie et les élections.

 

Crédit : Politeia – L’université des savoirs politiques

(sa chaine YouTube : cliquez ici)

 

 



20/07/2019
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