Nous sommes tous des moutons

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L'invention et l'évolution du dieu Monnaie

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par Ivanhoé

mis en ligne le 20 juillet 2019

 

La monnaie est une complète abstraction, c’est-à-dire quelque chose qui ne repose sur rien de concret à la base.

 

C’est comme l’invention d’un Dieu à partir de rien. Comme Raël, tiens, lorsqu’il a conçu son histoire d’Élohims. Au départ, il n’y avait rien d’autre qu’une idée qui n’était présente que dans l’imagination débridée d’un illuminé. Faisant fi de tout amour-propre, ce bouffon en a néanmoins parlé autour de lui en espérant que quelqu’un prêterait foi à ce qu’il racontait.

 

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Et de fait, quelques pauvres hurluberlus l’ont effectivement cru : ils ont pris cette fable pour la vérité et se sont mis dès lors à organiser leur existence concrète en fonction de cette fiction : ils vivent aujourd’hui leur quotidien en se préparant à la venue imminente d’extraterrestres, et ils vont même jusqu’à donner une partie de leurs avoirs à ce type. Et tout ça pour quoi ? Non pas parce que les Élohims sont réels, mais plutôt parce que ces gens ont souscrit mentalement à cette chimère – ce qui revient au même au finish : en ayant une absolue confiance en cette abstraction, leur vie s’est modelée en raison de leur adhésion à celle-ci.

 

D’une façon identique, le dieu « Monnaie » est une idée – une histoire, un croquemitaine – que des gens, quelque part, ont inventée de toutes pièces voilà plusieurs milliers d’années.

 

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Et ces gens ont demandé à ceux qui les entouraient d’y adhérer, de la considérer comme une réalité objective. Et cela a fonctionné : au fil des siècles, tous les habitants de la Terre – volontairement, mais surtout parce qu’ils n’avaient pas le choix – se sont mis de plus en plus à croire vraiment à cette histoire ; et à organiser concrètement leur vie en conséquence de sa véracité.

 

De sorte qu’aujourd’hui, ce mythe est devenu aussi attesté que le Soleil qui brille au-dessus de nos têtes. Plus personne ne le remet en question. Et il est tellement vrai, tellement réel, tellement concret, qu’il est responsable – il l’a pratiquement toujours été, d’ailleurs – d’à peu près toutes les grandes calamités dont souffre l’Humanité : les inégalités sociales, l’épuisement des ressources naturelles, les famines, la violence, les guerres… Et qu’il sera probablement la cause de sa destruction finale.

 

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Invention du mythe de la monnaie

 

À l’école, on nous a appris qu’avant l’avènement de la monnaie, les gens faisaient du troc pour s’échanger des biens et des services. Ainsi, si Fred Caillou voulait une gazelle, par exemple, et qu’il n’était pas chasseur, il pouvait en demander une à Arthur Laroche qui demeurait dans la caverne voisine. Pour que cela soit équitable, il pouvait lui offrir… disons… une carotte en contrepartie, c’est-à-dire un produit dont il disposait lui-même, car il était maraicher.

 

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Même des gamins de mon âge, à l’époque, pouvaient aisément anticiper tous les problèmes inhérents à ce système de transactions. Et le zélé que j’étais alors avait d’ailleurs levé la main bien haut dans la classe pour poser quelques questions qui lui paraissaient évidentes :

 

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— Oui, mais si Arthur Laroche ne désirait pas d’une carotte, lui, en échange de sa gazelle, que se passait-il ?

— De toute façon, si cette transaction avait été conclue, Arthur Laroche se serait fait avoir, non ? Bien sûr puisqu’une gazelle n’a pas du tout la même valeur qu’une carotte !

— Et qu’arrivait-il si ce n’était pas encore la saison des carottes ?

— Et si Fred Caillou avait voulu un mammouth plutôt qu’une gazelle en échange de sa carotte et que le chasseur de mammouth du village avait refusé l’échange, comment aurait-il pu s’en procurer un malgré tout ?

 

Le professeur n’avait pas été désarçonné par mes interrogations. Du coup, il les avait même accueillies avec un sourire de contentement, car elles lui avaient permis d’enchainer les explications comme il l’avait prévu au départ :

 

— Voilà d’excellentes questions, jeune homme. Et c’est pour toutes ces raisons qu’un astucieux système a été inventé pour faciliter les transactions. Certaines personnes très intelligentes de cette époque ont alors eu la brillante idée de proposer un objet neutre quelconque et de lui allouer deux fonctions : 1) s’en servir comme d’un étalon de mesure pour établir la valeur de tout ce qui existait ; et 2) l’utiliser dorénavant comme un intermédiaire dans tous leurs échanges de biens et de services.

 

« Il ne suffisait, au départ, que de s’entendre sur l’objet en question. Ce pouvait être à peu près n’importe quoi : certaines peuplades ont pris des coquillages, par exemple. Dans ce cas, tous les produits et les services se voyaient ensuite attribuer une valeur en regard d’un nombre x de coquillages. Ainsi, une gazelle pouvait valoir – je simplifie, bien sûr les enfants, hein ? c’est juste pour que vous compreniez le concept, d’accord ? –, une gazelle pouvait donc valoir 10 coquillages, mettons, et une carotte seulement 1. On pouvait également donner une valeur aux services rendus par certains habitants. Le sculpteur de la tribu, par exemple, pouvait quant à lui réclamer, disons 6 coquillages pour tailler une roue. Vous saisissez ?

 

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Je saisissais en effet très bien. De cette façon, Fred Caillou pouvait désormais acheter la gazelle à Arthur Laroche, non plus en lui proposant une carotte en échange, mais plutôt en lui remettant 10 coquillages. Arthur, quant à lui, n’était pas obligé d’accepter la carotte de Fred (surtout s’il détestait les carottes). Il prenait plutôt les 10 coquillages, et il allait les dépenser, lui, de son côté, pour se procurer quelque chose qui lui plaisait – une roue neuve, par exemple.

 

Et ainsi était né le « mythe de la monnaie », m’avait appris ce prof du haut de son savoir de prof. À partir de quelque chose qui ne valait rien au départ (un vulgaire coquillage de plage) on en avait fait un objet qui devenait tout à coup extrêmement précieux grâce à la symbolique qu’on venait de lui octroyer. Les coquillages représentaient désormais TOUT ce que les êtres humains désiraient se procurer.

 

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Et toute la vie de la communauté s’organisait dorénavant en fonction de l’acquisition du plus grand nombre de coquillages possible. Les plus doués réussissaient à en engranger des milliers au profit des plus naïfs qui devaient se contenter des miettes restantes.

 

Le dieu Monnaie avait réellement pris forme dans l’inconscient collectif. Et il n’était plus près de disparaitre…

 

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L’évolution du symbole monétaire sous forme de pièces de métal

 

Au début de cette légende, il était relativement facile de croire en la matérialité de la monnaie. Car cette abstraction était elle-même un objet matériel. Les premières monnaies étaient en effet des trucs plutôt grossiers tels que des coquillages, des étoffes, mais également de la marchandise : des poches de riz, par exemple, ou du bétail… C’était là quelque chose que l’on connaissait, que l’on pouvait regarder, que l’ont pouvait toucher, déposer sur des tablettes, manger, même.

 

Au fur et à mesure des siècles, tous ces encombrants objets ont toutefois été graduellement remplacés par des petites pièces de métal : en or, en argent, en cuivre, en bronze…

 

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Ce qui était nettement plus pratique étant donné qu’elles ne prenaient pas trop de place et qu’elles se transportaient facilement.

 

Et elles permettaient en outre de continuer à croire – de plus en plus – en la réalité de l’argent, car ces pièces étaient toujours quelque chose que l’on pouvait toucher, cacher dans un tiroir, déposer dans des sacs (bourses) et qui produisaient un son rassurant – clic-a-clic – chaque fois que l’on bougeait.

 

L’évolution du symbole monétaire sous forme de papier

 

La Chine a été le premier pays à adopter le papier en tant que symbole monétaire pour remplacer les pièces de métal. Et ce, dès le 7e siècle. Ce peuple était vraiment un précurseur. Pendant des siècles, personne en Europe ne pouvait s’imaginer une monnaie sans valeur « matérielle ». Aussi lorsque Marco Polo est revenu de l’Orient et qu’il a tenté d’expliquer ce phénomène à ses concitoyens occidentaux, la première réaction de ceux-ci a été de s’exclamer : « Ils sont fous, ces Chinois ! »

 

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En Europe, la Suède a été le premier pays à tenter une telle expérience. Elle n’avait pas le choix, car elle était en pénurie de métal pour fabriquer ses pièces de monnaie. Mais cela n’a pas été sans mal à cause de la méfiance des gens : du papier, ce n’était plus quelque chose de tangible, de solide, de rassurant. Du papier, c’était de l’écriture sur un support qui pouvait se déchirer, brûler. Il pouvait aussi facilement se contrefaire. Et du coup, c’était également devenu extrêmement abstrait.

 

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Mais qu’à cela tienne : toujours à cause de la pénurie de matières premières servant à fabriquer les pièces de métal, les autres nations d’Europe ont dû emboiter le pas à la Suède et remplacer leurs pièces solides par du papier. Afin d’éviter les contrefaçons, la monnaie de papier s’est peu à peu améliorée grâce à l’usage de papiers à filigrane et de différents tampons, ainsi qu’en dessinant des ornementations compliquées sur les bords.

 

Et le papier-monnaie est graduellement entré dans les mœurs. De très abstrait était-il au départ, il est finalement devenu un objet aussi matériel qu’un coquillage ou qu’une pièce de métal. Du papier, en effet, et tout compte fait, ça se touche, ça se regarde, et l’on voit le chiffre qui est inscrit dessus.

 

Et ce nouveau support au mythe monétaire a perduré tel quel jusqu’à aujourd’hui en subissant évidemment de multiples transformations au fil des ans et des pays utilisateurs.

 

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Mais il tend lui aussi à disparaitre de plus en plus au profit d’un autre support qui, lui, n’a plus rien à voir avec des choses « concrètes ».

 

L’évolution du symbole de la monnaie sous forme scripturale

 

À partir de la Renaissance, les gens, de peur de se faire dérober leur or et leur monnaie-papier, ont préféré l’entreposer dans les coffres-forts des orfèvres, puis des banquiers (en fait, les orfèvres se sont transformés en banquiers avec les décennies) afin de le mettre à l’abri des voleurs.

 

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Et à partir de cet instant, il a été concevable pour les citoyens de ne plus jamais revoir leur argent autrement que sous forme d’inscription dans des livres (ou dans les ordinateurs, depuis quelques années). Il n’est plus nécessaire, en effet, aujourd’hui de retirer notre argent de la banque chaque fois que nous avons une transaction à effectuer, car nous pouvons nous y prendre de différentes autres façons : par chèque, par exemple.

 

Depuis l’avènement de l’informatique, il ne suffit même que d’avoir une carte débit ou crédit dans nos poches, et le tour est joué pour à peu près toutes nos transactions quotidiennes.

 

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C’est ce qui s’appelle de la « monnaie scripturale ». C’est une monnaie qui n’a de réalité que par un simple jeu d’écriture dans des livres – et dans des ordinateurs, maintenant. Elle nous donne l’illusion que notre argent se trouve bien au chaud dans un coffre-fort de notre banque. Chaque fois que nous faisons une transaction, nous avons presque l’impression qu’une personne va dans le coffre et distribue cet argent selon nos ordres. Ce qui, bien sûr, est un leurre : notre argent n’est pas dans un coffre-fort. Elle n’est nulle part ailleurs que dans l’éther… Et la seule chose qui nous en prouve l’authenticité est un état de compte que nous pouvons – heureusement – vérifier sur demande.

 

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Ainsi, avec l’avènement des banques, la monnaie concrète, tangible, est devenue peu à peu invisible.

 

Et avec les ordinateurs, elle est même devenue virtuelle… Elle a été convertie en code binaire, en 0 et en 1, en bits stockés dans des bases de données quelque part dans d’immenses ordinateurs dont on espère évidemment qu’ils ne planteront jamais.

 

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Peut-on faire plus abstrait que ça ? Cela semble en effet impossible.

 

Eh bien, apparemment que cela l’est – possible…

 

Quelque chose de très nébuleux a fait discrètement son apparition dans le monde monétaire depuis quelques années. Cela s’appelle de la « crypto monnaie ». Le « bitcoin » est probablement la crypto-monnaie la plus connue à ce jour. Mais elle sera apparemment supplantée par la Libra (de Facebook) qui fera bientôt officiellement son apparition.

 

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Je cite ici la définition de la crypto monnaie que j’ai prise sur Internet, et dont je ne comprends personnellement à peu près rien : « La crypto monnaie est une monnaie virtuelle qui s’échange de pair à pair via une blockchain, et dont le fonctionnement repose sur les principes de la cryptographie pour valider les transactions et émettre la devise elle-même. »

 

Heu…

 

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Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on est rendu loin des coquillages en titi…

 

Il serait douteux que l’Humanité dans son ensemble soit déjà prête aujourd’hui à adopter la crypto monnaie, mais du moins l’est-elle à accepter la monnaie scripturale dans laquelle nous sommes de toute façon plongés en plein dedans depuis des décennies – et à laquelle nous nous sommes tant bien que mal adaptés depuis l’avènement des banques.

 

Et si l’Humanité l’est – prête –, c’est sans doute parce que nous savons inconsciemment que cette monnaie qui nous appartient et qui apparait dans nos états de compte, eh bien que nous savons qu’elle peut encore être convertie en monnaie papier sur demande. C’est-à-dire en une monnaie que nous pouvons voir, toucher, tripoter, froisser… Car il existe toujours de la monnaie papier en circulation. Nous en trainons d’ailleurs peut-être un peu dans nos poches, dans nos portefeuilles et dans nos sacs à main, mais pas beaucoup : pour nous dépanner, la plupart du temps. Et nous pouvons en obtenir en nous présentant devant un guichet automatique, notamment, et en en retirant un montant.

 

Mais qu’arrivera-t-il – pour des questions de commodité ou de rentabilité – qu’arrivera-t-il le jour où les autorités (dominées par les banques) décideront de faire disparaitre complètement ce support matériel de la monnaie de la surface de la Terre ? Ce qui est loin d’être impossible : cette perspective se discute déjà aujourd’hui (voir la vidéo ci-dessous). Qu’arrivera-t-il lorsque des gens ordinaires voudront « toucher » à leurs épargnes et qu’ils ne le pourront plus ?

 

D’autres part, qu’arriverait-il – imaginons quelques scénarios – si tous les bits de nos épargnes s’effaçaient de l’univers virtuel à cause d’un « bog de l’an 2000 imprévu ? » ? Ou à cause d’un attentat informatique terroriste sans précédent ? Ou à cause d’une autre raison que personne n’avait anticipée ?

 

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Et plus cataclysmique que ça encore : qu’arrivera-t-il le jour où le mythe du dieu Monnaie lui-même s’effondrera dans le néant – d’où il est justement issu ?

 

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Impossible ? Pourquoi impossible ? Depuis quelque deux cents ans, ce système ne tient plus à bout de bras, de dépression économique en dépression économique, que grâce à la crédulité des gens dont le cerveau est formaté à l’idée que le dieu Monnaie – que personne n’a jamais vu en chair et en os – est bel et bien réel et qu’il est le maitre incontesté de la planète.

 

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Mais pourquoi cette chimère ne pourrait-elle pas disparaitre un jour, comme elle est apparue ? Elle n’a aucune réalité de toute façon.

 

Ce n’est que notre conviction en son existence qui l’est – réelle.

 

 

 

 

Vidéo faisant le point sur les avantages et les dangers de la disparition

de la monnaie papier pour une monnaie exclusivement virtuelle




20/07/2019
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