Nous sommes tous des moutons

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La démocratie et le système électoral canadien

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par Ivanhoé

mis en ligne le 20 juillet 2019

 

Le 19 octobre 2015, le Parti Libéral du Canada, avec Justin Selfie Trudeau à sa tête, remportait les élections fédérales canadiennes.

 

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Il formait un gouvernement majoritaire. Ce qui signifie qu’il avait carte blanche pour mener désormais le pays à sa guise pour les quatre prochaines années.

 

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De quoi être fier, en effet

 

L’une de ses promesses durant sa campagne électorale avait été de revoir le mode de scrutin des élections canadiennes et d’en proposer un nouveau qui serait plus conforme à la notion de démocratie. Dès le lendemain de son élection, et une fois bien assis sur le trône du pouvoir, il a toutefois – et très rapidement – brisé cette promesse en invoquant un prétexte bidon pour justifier sa décision en embobinant les citoyens. Du déjà-vu des centaines de milliers de fois…

 

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Du coup, il n’était pas le premier à promettre une telle chose. Et il ne sera pas le dernier non plus. Il n’était pas le premier ni le dernier, en outre, à briser cette promesse une fois élu. Cela se comprend : même s’il représente une insulte à la notion de démocratie, le mode de scrutin arriéré qui est le nôtre est beaucoup trop avantageux pour les politiciens pour que ceux-ci le modifient éventuellement ne serait-ce que d’un iota.

 

Ces élections fédérales de 2015 représentent l’exemple typique de ce système qui donne tant de pouvoir à des gens avec autant d'injustice. Ainsi que les élections provinciales du Québec de 2018, par ailleurs. La situation a été en effet exactement la même dans les deux cas. Et c’est la même qui prévaut depuis des temps immémoriaux.

 

Arrêtons-nous sur celles de 2015.

 

Justin Selfie a alors pris le pouvoir en remportant 184 sièges de députés sur 338. Ce qui correspond à une proportion de 54 %. Théoriquement, tout va bien. Sur papier, le Parti Libéral gouverne en effet majoritairement parce que plus de la moitié des électeurs l’ont choisi, lui, plutôt que les autres. Et c’est exactement ce que la soi-disant démocratie permet de faire dans un pays libre comme le nôtre. Un étranger en visite chez nous dirait à peu près ceci : « Le Parti Libéral du Canada a obtenu la confiance de 54 % de son peuple. Démocratiquement, il peut donc le gouverner en toute légalité et en paix. ». Et c’est ce qu’il fait depuis ce temps, d’ailleurs, et sans se gêner, car les apparences sont sauves.

 

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Mais le hic, c’est que dans les faits, ce parti n’a pas du tout la confiance de 54 % de la population canadienne. Et tant s’en faut. En réalité, cette proportion n’est seulement que de 27 %. Trois citoyens sur quatre (73 %) n’ont pas du tout voté pour lui. Oups…

 

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Pour expliquer une telle aberration, il faut savoir qu’une circonscription est gagnée par le candidat qui remporte le plus grand nombre de votes dans celle-ci. Imaginons une situation hypothétique… Disons que 3 candidats se disputent une circonscription. Et disons que le vote final se divise ainsi : candidat 1 = 34 % des voix ; candidat 2 = 33 % ; candidat 3 = 33 %.

 

La lutte a donc été chaude. Mais le candidat 1 remporte néanmoins sa circonscription, et il devient ainsi le seul représentant de sa région à son Parlement, et ce, même s’il n’a obtenu l’appui que de 34 % de ses électeurs. Les deux autres candidats peuvent aller se rhabiller : ils n’ont plus aucun droit au chapitre. Et les deux-tiers des électeurs se retrouvent avec un représentant pour lequel ils ne voulaient rien savoir.

 

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Et ces chiffres ne tiennent compte que des citoyens qui se sont déplacés pour aller voter et dont le bulletin de vote a été déclaré valide. En réalité, traditionnellement (et en étant généreux), le taux de participation des citoyens à une élection est d’environ 70 %. En tenant compte de cette donnée, le candidat 1 a remporté sa circonscription avec l’appui non pas de 34 %, mais plutôt de 24 % de ses citoyens (70 % de 34 % = 24 %). Lorsqu’il sabre le champagne pour célébrer sa victoire, ce candidat se targue d’avoir l’appui de la majorité de son bon petit peuple alors que la réalité est celle-ci : 3 citoyens sur 4 ne voulaient pas de lui à ce poste. Mais cela n’a aucune importance. L’important c’est le résultat, c’est-à-dire l’élection qui a été gagnée.

 

Et vive la démocratie !

 

La situation hypothétique précédente n’est pas une histoire farfelue, ni exagérée. Elle est même banale. Elle représente à tout le moins exactement celle-là même qui s’est produite en 2015 à l’échelle de tout le Canada avec ses 338 circonscriptions :

 

  • Taux de participation aux élections fédérales de 2015 (excluant les bulletins de vote qui ont été rejeté pour diverses raisons) = 68 %
  • Parmi ceux-ci, proportion qui ont voté pour le Parti libéral = 40 %
  • Proportion de la population totale qui ont voté pour le Parti Libéral : 40 % de 68 % = 27 %
  • Le Parti Libéral gouverne néanmoins avec 54 % des sièges

 

Il s’est produit exactement la même chose lors des élections provinciales du Québec de 2018 qui ont permis à la Coalition Avenir Québec (CAQ) de remporter 59 % des sièges avec seulement 38 % des votes valides. Et si, encore ici, on tient compte de la population totale (incluant ceux qui n’ont pas voté ou qui ont annulé leur vote), la réalité est que la CAQ fait aujourd’hui ce qu’elle veut au pouvoir alors qu’elle n’a obtenu l’appui que de 26 % de ses citoyens.

 

Est-ce cela la démocratie ?

 

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Les dirigeants se justifient en alléguant que ce système n’est peut-être pas parfait (tu parles !), mais qu’il en vaut bien d’autres. Et ils ajoutent que tous les autres modes de scrutin qui prévalent ailleurs dans le monde comportent leurs propres lacunes et qu’aucun ne sera jamais parfait de toute façon

 

Cet argument se tient : aucun système n’est parfait – et ne le sera jamais. Par contre, même si cet argument se tient, il est néanmoins fallacieux du fait que si aucun système n’est parfait, le nôtre est beaucoup plus imparfait que bien d’autres, et qu’il aurait intérêt à rattraper le 21e siècle vite fait.

 

Mais on peut toujours rêver : nous vivons avec ce système depuis Mathusalem, et nous ne sommes pas près d’en changer. Ceux qui pourraient le faire sont ceux-là mêmes qui profitent à plein de son iniquité. À chaque élection, ce mode de scrutin offre en effet la chance – très forte – à une petite clique d’arrivistes d’obtenir le pouvoir quasi-total du pays pendant quatre longues années de suite. Quel twit refuserait cette possibilité en ayant la chance – en plus ! – de se cautionner derrière le sacro-saint principe de la démocratie ? Quel gouvernant serait assez idiot pour être l’instigateur d’un tel changement ? Ce serait comme s’il votait volontairement pour une diminution de son propre salaire, genre. Cela se peut, certes, mais seulement que dans le fantasme collectif.

 

M’enfin, j’exagère peut-être… Le nouveau Premier ministre du Québec a lui aussi « promis » récemment qu’il soumettrait une réforme du mode de scrutin provincial afin que celle-ci soit effective pour les prochaines élections prévues vers 2022.

 

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Le suspense suit son cours…

 

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Topo général actuel avant de terminer…

 

Pour l’instant :

 

- Justin Selfie et François Caque font à peu près tout ce qu’ils veulent à la tête de leurs gouvernements respectifs avec 54 % et 59 % des sièges

 

- Ils se donnent bonne conscience en arguant (et en se félicitant) qu’ils ont obtenu ce pouvoir de façon démocratique, la population ayant « parlé » lors des dernières élections.

 

- Dans les faits, ils ne gouvernent cependant de la sorte qu’avec la confiance d’environ 26 % de la population

 

- C’est à peu près toujours comme ça à chaque élection

 

- À chaque élection, les moutons-journalistes jouent invariablement le jeu de cette farce comme si ce moment représentait la chose la plus vitale du monde entier

 

- À chaque élection, environ 70 % de la population font quant à eux leur « devoir de citoyen » et entretiennent ainsi eux aussi ce simulacre de démocratie d’élection en élection.

 

- Pourquoi ?

 

- Probablement parce que si tout le monde le fait, c’est que ça doit être la bonne chose à faire

 

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De toute façon, et quoi qu'il en soit, c'est-à-dire peu importe que le Canada vive encore pendant des siècles avec son mode de scrutin actuel ou qu'il adopte le plus sophistiqué système électoral qui existe dans l'univers, il n'en demeurera pas moins que les simples citoyens se feront toujours berner par la grande arnaque de la démocratie telle qu'elle s'exerce par le biais des élections. Les élections, c'est donner à des gens que nous ne connaissons pas le pouvoir de s'occuper de nos intérêts à notre propre place, et en croyant que c'est ce qu'ils feront, et qu'ils le feront avec diligence. C'est croire au Père Noël, tout simplement.

 

Thème développé ici et ici.

 

 


Crédit : Ploufbadoin

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20/07/2019
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